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LA FINANCE VERTE, UN ENJEU RSE MAJEUR

Dernière mise à jour : 25 mars

Verte, responsable ou encore durable. Ces dernières années, la finance se pare de nouveaux qualificatifs jusque-là réservés aux secteurs les plus vertueux de nos économies. Mais une finance “durable”, qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? À quelles pratiques et produits financiers ce terme fait-il concrètement référence ? Existe-t-il des garanties pour s’assurer que les acteurs financiers qui se revendiquent “responsables” le sont vraiment ?


Focus sur cette nouvelle tendance de la finance et ses liens avec les pratiques RSE des entreprises.





Vous avez dit durable ?


Investir, oui, mais en prenant en compte les aspects environnementaux et sociaux d’un projet ou d’une entreprise, en plus des traditionnelles considérations de rendement financier. C’est tout le principe de la finance durable, dont l’objectif est de faire de la finance un levier de transformation de nos économies vers le “bas-carbone” et le “socialement responsable”. Et cela tombe plutôt bien que les acteurs financiers commencent à se mobiliser pour un monde plus durable, parce que les besoins en investissement pour y parvenir sont absolument colossaux. Pour la transition écologique, ils se chiffrent à pas moins de 90 000 milliards de dollars d’ici à 2030, d’après la Banque Mondiale.


La prise de conscience du rôle essentiel de la finance dans la transition verte et sociale de nos économies est relativement récente puisqu’elle date des années 2000. L’évidence d’une nécessaire réorientation des flux financiers s’est imposée en 2015 avec la formalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies puis lors de la COP 21 à Paris, avec l’accord historique signé par les parties pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés maximum par rapport aux niveaux préindustriels et idéalement à 1.5 degrés.


Depuis, c’est la course à qui sera (ou paraitra…) le plus “responsable” : les banques, les investisseurs institutionnels, les gestionnaires d’actifs mais aussi les assureurs développent tous, avec plus ou moins d’ambition, leurs politiques d’investissements responsables. Il s’agit notamment de limiter les investissements dans les secteurs les plus polluants (dits “marrons”, comme le charbon), d’encourager les investissements “verts” (par exemple dans les énergies renouvelables) et, de manière plus générale, de mieux prendre en compte les critères dits “ESG” pour E (environnement), S (social) et G (gouvernance) dans les décisions d’investissement.


My name is bond. Green bond.





Pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de la finance durable, mieux vaut connaître quelques concepts clés, notamment. :


L’Investissement Socialement Responsable ou ISR : cette pratique consiste à intégrer les fameux critères ESG -aussi appelés “extra-financiers” car ils vont au-delà des considérations financières- dans la construction de portefeuilles. Il est par exemple aujourd’hui possible pour les particuliers d’investir dans des fonds ISR, dans lesquels les entreprises ont été sélectionnées pour leur meilleure performance ESG, parce qu’elles réduisent plus que d’autres leurs émissions de gaz à effet de serre, ont un meilleur dialogue syndical ou luttent de façon active contre la corruption. Dans certains produits financiers ISR des secteurs d’activités controversées (armes, tabac, charbon, etc.) peuvent même être entièrement exclus.


La finance verte : elle est un peu plus spécifique que l’ISR puisqu’elle se focalise sur le financement de projets ou entreprises ayant un impact positif pour l’environnement. Le produit financier phare est l’obligation verte, ou green bond en anglais, qui permet à des entreprises ou des États de lever des fonds sur les marchés financiers pour les flécher vers des projets verts, souvent d’infrastructures. Cocorico, la France fait partie des premiers pays à avoir émis une Obligation Verte souveraine début 2017, pour un montant de 7 milliards d’euros, avec comme objectif de financer des projets de lutte contre le changement climatique, d’adaptation au changement climatique, de protection de la biodiversité et de réduction de la pollution. Le marché des green bonds est extrêmement dynamique au niveau international et se décline désormais en une multitude de nouveaux produits, comme les blue bonds (pour la protection des océans) ou encore les impact et autres sustainable bonds.


La finance solidaire : les produits d’épargne “solidaire” sont une niche de la finance durable et sont clairement parmi les plus socialement engagés. Ils permettent de financer des projets à forte utilité sociale, de lutte contre le chômage ou d’accès au logement pour les foyers les plus précaires, par exemple. En France, en 2021, la finance solidaire a permis de financer des projets à hauteur de 700 millions d’euros.


Bienvenue dans la jungle des labels





Mais tout n’est pas tout rose (ou plutôt vert !) dans l’univers de la finance responsable et le risque de green ou social washing n’est jamais très loin. D’ailleurs des ONGs comme Reclaim Finance en France veillent au grain, passant à la loupe les investissements pour s’assurer que les grandes déclarations sont bien suivies d’actes.


Et certains doivent parfois hausser le ton, comme le Ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui martelait en 2018: “les engagements pris par le secteur financier en matière de lutte contre le réchauffement climatique doivent être tenus et j’y veillerai, parce que si la finance ne joue pas le jeu de la lutte contre le réchauffement climatique, nous n’y arriverons pas”. C’était lors du Climate Finance Day à Paris, qui se rêve en capitale de la finance verte mondiale.


Alors pour donner des garanties aux marchés et aux épargnants, plusieurs labels de finance durable ont vu le jour. En France ils sont au nombre de 3 : le label ISR, le label greenfin (finance verte) et le label finansol (finance solidaire). Au niveau européen, d’importants travaux sont actuellement en cours pour que les 27 se mettent d’accord sur une définition commune de ce qui est vert…et ce qui ne l’est pas ! Et ce n’est vraiment pas une mince affaire. Les premiers chapitres de ce dictionnaire vert -appelé taxonomie verte- ont déjà été publiés et les investisseurs doivent désormais s’y référer pour donner des gages de sérieux à leurs promesses de durabilité. Un écolabel européen pour les produits financiers devrait également voir le jour dans les prochaines années.


Et les entreprises dans tout cela ?


Les entreprises se retrouvent au cœur même de la finance durable. Leurs pratiques ESG, détaillées dans les rapport extra-financiers, document clé des grandes entreprise en RSE, sont de plus en plus scrutées par les investisseurs et les actionnaires, soucieux de flécher au mieux leur argent vers des valeurs durables et de plus en plus conscients, également, que le changement climatique représente un risque pour leur activité d’investissement. La notation extra-financière, qui permet au travers d’un score d’appréhender la maturité d’une entreprise sur les questions ESG via les informations publiées dans les rapports extra-financiers et complétées par des questionnaires, est devenu un outil absolument incontournable des investisseurs responsables. Et un mauvais score peut être éliminatoire…


Les grandes entreprises sujettes à des exigences de reporting extra-financier dans le cadre de la directive européenne sur la publication d'informations non financières (NFRD, prochainement remplacée par la CSRD, Corporate Sustainibility Reporting Directive) sont bien entendu particulièrement concernées, mais il est aussi important pour les PME de savoir comment se rendre attractives pour accéder à ces financements de transition. S'appuyer sur une agence conseil RSE permet d'avancer plus loin sur ces problématiques. D’ailleurs la notation extra-financière ne concerne pas uniquement les grandes entreprises et certaines agences se spécialisent sur le segment des PME, à l’instar d’Ethifinance. Les PME cotées devraient par ailleurs être invitées dans les prochaines années à communiquer sur la part verte de leurs activités conformément à la taxonomie européenne.


De façon plus générale, la finance durable marque également le rapprochement de la RSE et de la finance au sein même de l’entreprise. Ce qui ouvre la porte à la mise en place d’outils innovants, de sourcing des agences conseil en RSE ou stratégie d'investissement durable, comme des prêts dont le taux peut varier selon l’atteinte d’objectifs RSE. C’est ce qu’a mis en place le groupe fromager Bel avec sa banque, sur une ligne de crédit de 520 millions d’euros avec comme objectif la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2025.


Pour aller plus loin


Cet article a piqué votre curiosité et vous souhaitez tout savoir sur la finance durable ? Voici quelques liens que vous pouvez consulter pour aller plus loin :

L’observatoire de la finance durable : crée en 2019 au sein de l’initiative Finance for Tomorrow de la place financière de Paris, il recense les engagements des acteurs et dresse un premier état des lieux des changements de pratiques

• Le Forum pour l’Investissement Responsable ou FIR, qui regroupe différentes parties prenantes pour promouvoir l’investissement responsable

• Les sites du label ISR, du label greenfin et du label finansol

• Le site de Reclaim Finance, qui fait pression sur les acteurs financiers pour accélérer leurs investissements en faveur de la transition énergétique

• La page de la Commission européenne dédiée à la stratégie européenne de finance durable et aux travaux sur la taxonomie verte



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